La tornade politico-financière qui secoue MauBank met en lumière un autre acteur au cœur des controverses : Verde Frontier Solutions Ltd. Fondée en 2015 et dirigée par le couple Dirish et Venna Noonaram, cette société encore inconnue du grand public il y a dix ans est devenue un partenaire incontournable des institutions publiques. Et pour cause : elle a engrangé Rs 50,6 millions de contrats étatiques en moins d’une décennie.
Le cas le plus explosif reste celui du contrat de « Transaction Advisor » pour la vente de MauBank. Attribué en 2022 à un consortium incluant Verde, ce contrat a coûté Rs 17,9 millions aux contribuables… sans qu’aucune vente n’ait été finalisée. « C’est ce type de dérive qui a plongé le pays dans un trou noir économique », a fustigé le Premier ministre au Parlement, dénonçant un système de favoritisme et d’abus. La Financial Crimes Commission (FCC) enquête désormais sur cette affaire.
Mais ce n’est là que l’arbre qui cache la forêt. Parmi les contrats les plus juteux attribués à Verde Frontier Solutions :
- Economic Development Board (EDB) : Rs 9,6 millions pour des services de communication stratégique et Rs 1,1 million pour la refonte de son site web ;
- State Bank of Mauritius (SBM) : 5 contrats de surveillance médiatique totalisant Rs 1,78 million ;
- Financial Services Commission (FSC) : 6 contrats de veille et d’analyse médiatique pour Rs 17,46 millions ;
- Banque de Maurice : 2 contrats similaires évalués à Rs 15,5 millions.
Comment expliquer cette avalanche de mandats, tous obtenus après 2015 ? Plusieurs observateurs pointent la proximité de la société avec l’ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Une « mascarade institutionnalisée », selon les mots tranchants du chef du gouvernement. Dans un climat de suspicion croissante, Verde Frontier Solutions Ltd nage désormais en plein cyclone.