Pendant des années, les personnes âgées à Maurice ont été bercées par un rêve : celui d’une pension garantie à 60 ans, pour tous, sans condition, sans avoir à cotiser. Ce rêve, c’est l’ancien régime — dirigé par le gouvernement MSM — qui l’a entretenu, gonflé, utilisé à des fins électorales. Augmentations spectaculaires de la pension, annonces à grands coups de milliards avant chaque scrutin, slogans promettant « plus pour nos aînés » : tout a été calculé, stratégique, populaire. Mais aujourd’hui, la facture tombe. Et c’est le peuple qui trinque.
Le 4 juillet, le nouveau gouvernement a dû se résoudre à annoncer une réforme majeure : à partir de 2026, l’âge d’éligibilité à la pension universelle passera progressivement de 60 à 65 ans, pour atteindre cette limite d’ici 2030. Une décision difficile, impopulaire, mais devenue inévitable. Car le système, tel qu’il a été laissé, est au bord de la rupture.
En 2024, la pension de vieillesse coûtera Rs 55,4 milliards à l’État — soit près de 8 % du PIB. Le nombre de retraités ne cesse d’augmenter, alors que les jeunes actifs sont de moins en moins nombreux. Le rapport entre ceux qui travaillent et ceux qui touchent une pension est passé de 7 pour 1 en 2000 à seulement 2,7 aujourd’hui. Ce déséquilibre est le résultat d’années de politiques populistes, sans vision à long terme.
Le vrai problème, c’est qu’on a vendu un rêve à des milliers de familles. Un rêve que l’on savait intenable. On a promis sans jamais préparer. Le MSM, aux commandes pendant près d’une décennie, a creusé le déficit, dépensé sans compter, multiplié les annonces électorales — mais sans jamais réformer. Résultat : c’est aujourd’hui qu’il faut réparer. Et ce sont les travailleurs, les petites mains, ceux qui ont trimé toute leur vie sans couverture sociale, qui se retrouvent à devoir attendre cinq ans de plus.
Maurice ne doit plus rêver à crédit. Elle doit se réveiller, réparer, et avancer. Ensemble. Et sans retourner aux erreurs du passé. Le nouveau gouvernement, lucide sur l’ampleur de la tâche, a choisi d’agir. Un revenu de soutien de Rs 10 000 sera accordé à partir de septembre 2025 aux foyers les plus modestes,
pour accompagner la transition. Cette aide visera les travailleurs à bas revenus, les femmes au foyer, les préretraités. Le but est clair : ne laisser personne derrière.
Mais cela ne suffira pas. Ce qu’il faut maintenant, c’est regagner la confiance. Car après tant de promesses non tenues, tant de manipulations, le peuple doute. Et à juste titre. Il est donc du devoir des autorités d’expliquer, de consulter, d’écouter, et de ne plus jamais utiliser la pension comme une arme politique.
La réforme ne s’arrête pas à l’âge. Une refonte en profondeur du système de retraite est prévue. Une commission indépendante analysera les trois piliers actuels — pension universelle, NPF, CSG — pour proposer un modèle plus juste et plus viable. Et cette fois, il faudra que les décisions soient guidées par le bien commun, pas par des calculs électoraux.
Le peuple, lui aussi, doit rester vigilant. Exiger des comptes. Refuser les fausses promesses. Comprendre que la solidarité nationale ne peut survivre que si elle est bâtie sur l’honnêteté et l’effort partagé.
Ce moment de vérité peut devenir une opportunité. Pour rétablir un pacte social fondé sur la justice, la transparence, et la responsabilité. Pour sortir enfin de la logique du court terme. Et pour reconstruire une île Maurice qui protège les plus faibles sans mentir aux générations futures.