Reward Money : Lilram Deal prêt à parler… sous condition d’immunité

ByRédaction

July 7, 2025

Hospitalisé, mais au centre de l’affaire du Reward Money, l’ACP Lilram Deal joue une carte audacieuse. Selon des informations concordantes, il se dit prêt à tout révéler, à condition que l’État l’autorise officiellement à briser le Official Secrets Act. En coulisse, l’ex-patron de la CTU cherche une porte de sortie légale.

Depuis son arrestation le 20 juin, l’ancien Assistant Commissaire de Police Lilram Deal fait l’objet d’une enquête explosive sur une affaire de Reward Money, dont l’enveloppe totale aurait atteint Rs 250 millions. Alors que les enquêteurs de la Financial Crimes Commission (FCC) poursuivent leurs investigations sur des flux suspects et le recours à des prête-noms pour l’acquisition de biens immobiliers et de véhicules, un nouveau rebondissement agite les hautes sphères : Lilram Deal serait disposé à coopérer… mais uniquement en échange d’une immunité légale.

 Selon des sources concordantes, l’ex-chef de la Counter Terrorism Unit (CTU) a fait savoir à ses proches qu’il était prêt à livrer des révélations potentiellement explosives sur le système de récompenses, les bénéficiaires, les complicités internes et les pressions hiérarchiques. Mais il exige une protection officielle du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) avant toute collaboration.

Au cœur de cette condition se trouve le Official Secrets Act, une législation qui interdit à tout agent de l’État de divulguer des informations classifiées, notamment celles relatives à la sécurité nationale ou aux opérations sensibles de services spéciaux comme la CTU. Lilram Deal fonde donc son ultimatum sur ce cadre légal strict : il ne parlera que si son témoignage est couvert par une dérogation écrite. « Il veut vider sa valise, il l’a dit clairement. Mais il exige une garantie béton. Il ne veut pas se retrouver à répondre plus tard pour avoir trahi des secrets d’État », affirme une source proche du dossier. À ce stade, aucun commentaire officiel n’a été émis par le bureau du DPP, mais selon nos informations, des échanges exploratoires ont déjà eu lieu.

Des révélations explosives en attente

Pourquoi une telle insistance sur l’immunité ? Parce que Lilram Deal aurait en sa possession des informations sensibles impliquant des hauts gradés de la police et des personnalités influentes ayant bénéficié illégalement du système de Reward Money entre 2022 et 2024. Dans des échanges privés, il aurait cité au moins deux officiers supérieurs ayant perçu des sommes importantes en dehors de tout cadre réglementaire.

Toujours selon nos sources, Lilram Deal aurait déclaré avoir agi « sur instructions » et « dans la chaîne hiérarchique », une manière de se dédouaner partiellement tout en laissant entendre que les ordres venaient de plus haut. Cette ligne de défense, préparée avec soin, évolue désormais vers une stratégie offensive : coopérer en échange de la clémence, voire d’un abandon des charges.

Que prévoit le Official Secrets Act à Maurice ?

Le texte interdit à toute personne – fonctionnaire, policier, militaire – de :

  • divulguer, transmettre ou publier des informations classifiées ;
  • détenir des documents confidentiels sans autorisation ;
  • accéder ou tenter d’accéder à des zones ou fichiers sensibles ;
  • transmettre ces informations à des tiers, y compris les médias.

Sanctions prévues : jusqu’à 10 ans de prison et Rs 500 000 d’amende. Le simple fait de détenir un document classifié sans autorisation peut suffire à être poursuivi.

Peut-on briser le Official Secrets Act ?

Oui, dans des cas bien précis :

  1. Autorisation du DPP :
    Le DPP peut accorder une garantie écrite autorisant un témoin à divulguer des informations confidentielles sans risque de poursuite.
  2. Levée du secret d’État :
    Le gouvernement peut lever partiellement ou totalement le secret d’État, en collaboration avec des institutions comme la FCC.
  3. Protection de l’intérêt public supérieur :
    Si le témoignage est jugé crucial pour protéger l’État ou démanteler un réseau, une dérogation peut être accordée.

Dans le cas de Lilram Deal : sans immunité, il risque 10 ans de prison. Avec l’accord du DPP, il pourrait tout révéler sans conséquence pénale.

Les prête-noms et les millions introuvables

L’enquête se poursuit sur des propriétés acquises par des proches de Deal et l’achat d’un Toyota RAV4 pour Rs 2 millions, payé depuis un compte bancaire conjoint avec son épouse. Ce qui intrigue les enquêteurs, c’est que plusieurs de ces biens ne sont pas enregistrés au nom de Lilram Deal, mais à celui de membres de son entourage. Une méthode typique de blanchiment par prête-noms. Les relevés bancaires analysés couvrent la période juin-août 2022, moment où les fonds auraient été le plus activement redistribués. Une demande d’élargissement d’accès judiciaire est en cours pour tracer tous les mouvements financiers liés à la cagnotte du Reward Money.

La FCC cherche à accéder à ses appareils

Autre point de blocage : Lilram Deal refuse l’accès à son ordinateur. Les enquêteurs ont sollicité l’aide d’un laboratoire digital étranger pour tenter de contourner les protections. Mais si le DPP donne son feu vert ou si l’immunité est confirmée, il pourrait coopérer et fournir les documents internes. « Il sait que les preuves sont dans ses appareils. Il temporise, mais il sait que le temps joue contre lui », souligne une autre source.

Des informations laissent entendre qu’il aurait tenté d’influencer d’anciens collègues pour qu’ils minimisent leurs témoignages. Si cela est prouvé, il pourrait être poursuivi pour entrave à la justice. Pour l’heure, Lilram Deal mise tout sur la coopération sous immunité. Une stratégie risquée, mais potentiellement explosive pour l’appareil étatique. Car s’il parle, c’est toute une mécanique policière, hiérarchique et politique qui pourrait s’effondrer.

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