L’arrestation de Premchand Mungur n’est pas un simple fait divers. C’est le miroir d’un système détraqué, gangrené par l’arrogance, l’abus de pouvoir et la protection d’intérêts privés. Ex-directeur de la MauBank, ex CEO à la State Bank, il incarnait cette caste intouchable qui agit dans l’ombre, loin des regards, avec la certitude de ne jamais avoir à rendre de comptes.
Monsieur Mungur, votre chute n’est pas un accident. Elle est le résultat logique d’un système que vous avez incarné avec une assurance glaçante, où l’abus de pouvoir, le favoritisme, et le mépris des règles étaient devenus la norme. Pendant trop longtemps, vous avez cru – comme d’autres encore tapis dans les couloirs feutrés de nos institutions – que tout vous était permis. Et c’est justement là que réside le cœur du problème.
Nos institutions sont minées de l’intérieur par ces gens-là. Des hommes bien placés, protégés par des réseaux opaques, qui ont transformé des entités publiques en zones d’influence personnelle. Des banques d’État devenues les coffres-forts de quelques initiés. Des procédures contournées. Des comptes manipulés. Des carrières brisées parce qu’on n’était pas “du bon côté”. Et vous, Monsieur Mungur, avez été l’un des visages les plus visibles de cette dérive.
À la MauBank, vos méthodes ont laissé des cicatrices profondes : des employés pleurant dans les couloirs, humiliés par vos décisions autoritaires, rejetés parce qu’ils n’étaient pas “Nou bane”. Vous régnez dans la peur. Vous parliez fort. Vous écrasiez les faibles. Vous répétiez, avec une arrogance presque cynique : “Personn pa pou kapav touche moi.”
Mais voilà, l’histoire ne s’écrit jamais à sens unique. Aujourd’hui, c’est la justice qui vous rattrape. Les menottes, que vous ne pensiez jamais porter, sont devenues réalité. Ce pouvoir d’hier, qui vous servait de bouclier, s’est évaporé. Et l’humilité que vous avez toujours refusée de montrer, vous est aujourd’hui imposée.
Non, nous ne jubilons pas. Mais nous n’oublions pas. Car ce n’est pas juste votre histoire. C’est celle d’un système malade où certains ont confondu fonctions publiques et intérêts privés. Et il est temps d’y mettre fin.Vous n’êtes pas seul à la barre : vous êtes le symptôme d’un mal plus grand. Et si la justice veut être crédible, elle devra aller au bout, creuser, remonter les chaînes de complicités, extirper ces parasites installés au cœur de nos institutions. Car tant que ces “intouchables” existeront, la République restera en sursis.
Aujourd’hui, Monsieur Mungur, vous êtes nu face à la vérité. Devant la justice des hommes, peut-être bientôt celle de Dieu. Car on ne bâtit pas un avenir sur l’arrogance, le mépris et l’injustice. On le construit sur la responsabilité.
Trop, c’est trop. La transparence ne doit plus être un slogan vide, mais une exigence concrète. Il est temps que ceux qui ont abusé paient. Il est temps que ceux qui savaient parlent. Parce que là dehors, nous en avons marre de jouer les dindons de la farce. Nous réclamons justice. Pas pour la forme. Pour le fond. Pour notre avenir.