Navin Ramgoolam a sorti l’artillerie lourde. Il a tranché dans le vif. Fini les demi-mesures et les privilèges en silence. Son budget 2025-2026 frappe là où ça fait mal : dans les poches des ultra-riches. Une contribution spéciale sur les très hauts revenus, une fiscalité plus robuste sur les dividendes, les plus-values, les revenus locatifs. Bref, un virage clair vers ce qu’on n’osait plus nommer : la justice fiscale.
C’est une rupture. Une vraie. Après dix ans de politique pro-riches, de cadeaux aux multinationales et de silence complice face à l’évasion fiscale, le gouvernement joue la carte de l’équité. Il fallait redresser un pays plombé par Rs 642 milliards de dettes, soit 90 % du PIB. Il fallait oser. Il l’a fait.
Les chiffres sont parlants : seuls 0,3 % des contribuables seront concernés par cette hausse ciblée. Mais l’effet symbolique est immense. On assume enfin que ceux qui ont profité d’un système biaisé doivent contribuer à le réparer. On reconnaît que la fiscalité n’est pas un tabou, mais un levier puissant pour rétablir un minimum d’équilibre.
Car soyons honnêtes : les impôts les plus justes, ce sont ceux qui s’attaquent aux rentes. Dividendes indécents, profits boursiers, fortunes immobilières accumulées sans sueur. Ces niches dorées ont longtemps échappé à la solidarité nationale. Et dans un pays où la TVA pèse trois fois plus que l’impôt sur le revenu, il était temps de rééquilibrer les charges.
Mais ce tournant fiscal ne vise pas que les personnes physiques. Il englobe aussi les grandes sociétés, y compris celles détenues par des familles fortunées. En ciblant à la fois les revenus et les profits, le budget cherche à éviter l’évasion et à garantir une base de recettes stable. Là encore, une question d’équité : pourquoi une PME paierait-elle proportionnellement plus qu’un conglomérat offshore ?
Certes, ces mesures existent déjà dans les textes. Mais leur application était, jusqu’ici, tiède. Trop d’exonérations, trop de passe-droits, trop de tolérance face à la ruse fiscale. Aujourd’hui, il est question d’efficacité. De contrôle. De courage politique.
Évidemment, les critiques ne manqueront pas. On criera au populisme, on évoquera la fuite des capitaux, on brandira le spectre d’un désinvestissement. Mais que vaut un modèle économique où l’inégalité est la norme, où les classes moyennes étouffent, où l’État vit à crédit pour subventionner les plus riches ?
Le temps est venu de reconstruire. Pas seulement les finances publiques, mais le contrat social. Et dans cette entreprise, taxer les plus aisés, ce n’est pas punir la réussite : c’est réparer les fractures. C’est rétablir une vérité simple : ceux qui ont plus, doivent donner plus.