À l’approche de la saison hippique 2025, le Mauritius Turf Club (MTC) s’engage dans une profonde transformation. Entre ouverture démocratique, rigueur administrative et ambitions sportives, l’institution mythique du Champ de Mars tente de tourner la page des tensions passées pour mieux bâtir son avenir. La récente Assemblée Générale Extraordinaire du 6 juin, la révision des permis d’entraîneur, les arrivées de chevaux et de jockeys, ainsi que les rénovations en cours annoncent une saison sous le signe du renouveau… mais non sans incertitudes.
L’Assemblée Générale Extraordinaire du MTC, tenue dans une atmosphère à la fois studieuse et stratégique, a marqué un tournant dans l’histoire du club. Deux résolutions majeures ont été adoptées à la majorité des membres présents : L’adhésion de 77 nouveaux membres associés, portant leur total à 300 ; la promotion de 20 membres associés au statut de membres fondateurs, conformément aux statuts en vigueur.
Ces décisions traduisent une volonté assumée d’ouverture et de renouvellement du corps électoral. Alors que le club sort d’années agitées, où divisions internes et incertitudes structurelles ont fragilisé son image, cette évolution vise à élargir la base des décideurs et à consolider une gouvernance plus représentative. « Ce n’est plus une affaire de clans.
L’objectif est de bâtir une direction solide, compétente et inclusive », confie un nouveau membre fondateur. Le président du MTC, Santosh Gujadhur, a profité de cette tribune pour faire un point d’étape sur l’état des lieux, les défis à venir, et les ambitions de l’institution.
Permis d’entraîneur : rigueur et équité
L’un des dossiers les plus scrutés reste celui des permis d’entraîneur. Au total, douze candidatures sont actuellement à l’étude. Le MTCJC a lancé un processus de due diligence renforcé, visant à garantir l’intégrité, la compétence et la capacité opérationnelle des postulants.Contrairement aux rumeurs circulant dans les milieux du turf, aucun entraîneur n’a été écarté à ce stade, selon une source proche du comité. Tous les dossiers sont traités avec équité, dans un souci d’inclusion mais aussi de rigueur.« Le MTC ne cherche pas à exclure, mais à assainir et à sécuriser l’environnement. La confiance du public en dépend. »
La décision finale sur les permis est attendue dans les jours à venir. En parallèle, le nombre final d’écuries autorisées pour 2025 reste encore à confirmer.
Une saison décalée et sous tension
Initialement prévue pour débuter le 12 juillet, la saison pourrait être repoussée à la dernière semaine de juillet, voire début août. En cause : plusieurs incertitudes opérationnelles majeures. Au cœur des préoccupations : la disponibilité des chevaux. Si un premier contingent d’environ 30 chevaux est attendu dès ce week-end, un second lot — plus conséquent — ne devrait arriver qu’en août. Actuellement, l’effectif est estimé à 175 chevaux, un nombre jugé insuffisant pour garantir une saison compétitive sur la durée.
Autre enjeu : l’élaboration du calendrier des courses. Un document interne évoque une saison en 17 journées, avec un lancement le 26 juillet et une clôture le 20 décembre. Ce calendrier reste cependant conditionné à l’évolution des effectifs équins, au nombre de jockeys disponibles et aux infrastructures d’entraînement prêtes à fonctionner à plein régime.
Manoel Nunes signe son grand retour
Côté jockeys, la confirmation du retour de Manoel Nunes, jockey brésilien de renom, a suscité un regain d’enthousiasme chez les amateurs. L’ancien Champion Jockey de 2019 revient sous les couleurs de l’écurie Ramapatee (Soun) Gujadhur.
Bien connu du public mauricien, Nunes avait laissé une forte empreinte lors de son précédent passage, remportant plusieurs courses classiques pour les écuries Rameshwar Gujadhur, Amar Sewdyal et Shyam Hurchund. Son retour est perçu comme un signal fort de la volonté du MTCJC d’élever le niveau de la compétition et d’attirer de nouveaux talents étrangers.
Modernisation et travaux : un club en chantier
Au-delà des enjeux sportifs, le MTCJC investit dans la modernisation de ses infrastructures. Le bâtiment principal et, en particulier, le Member’s Lounge font actuellement l’objet de rénovations structurelles et esthétiques. Objectif : améliorer l’accueil des membres, rehausser l’image du club et rendre l’expérience au Champ de Mars plus attrayante.
Ces travaux ne sont pas que cosmétiques. Ils symbolisent une volonté de changement profond, qui va au-delà des clivages passés et s’inscrit dans une logique de professionnalisation. « Ce que nous rénovons, ce n’est pas seulement un lieu. C’est une institution qui se redéfinit », souligne un cadre du MTC.
L’adhésion de 77 nouveaux membres et la promotion de 20 fondateurs redessinent aussi l’équilibre politique interne du club. Alors que de possibles élections internes se profilent, cette nouvelle base pourrait jouer un rôle décisif dans les choix stratégiques à venir. Les membres récemment promus voient en cette ouverture une opportunité de démocratiser le fonctionnement du club, de renforcer la transparence des décisions et d’éviter les logiques de blocage.
Une nouvelle Assemblée Générale est d’ailleurs prévue dans les semaines à venir, preuve que le processus de transformation institutionnelle est loin d’être terminé.
Malgré les incertitudes, l’ambition reste forte au sein du MTCJC : faire de 2025 une saison de relance, sur des bases plus saines. Après des années de turbulences, il s’agit de rétablir la confiance des parieurs, de mobiliser les passionnés, et de réconcilier l’institution avec le grand public.
De nombreuses zones d’ombre persistent :
nombre d’écuries participantes,
calendrier officiel,
jockeys encore à confirmer,
implication des sponsors,
impact potentiel de la réglementation sur les paris.
Mais la volonté de repartir est palpable. Et plus encore : la conscience que l’avenir du turf mauricien dépend d’une gestion rigoureuse, transparente et collective.
« L’heure n’est plus aux divisions. Si chacun fait sa part, le galop pourra reprendre sur des bases solides. »
Un mois de juin décisif pour l’histoire du Turf
Le mois de juin 2025 marque une étape cruciale pour le Mauritius Turf Club. Dans un contexte où tout semble à reconstruire, l’institution joue sa crédibilité et son avenir. Chaque décision — qu’il s’agisse de l’approbation des entraîneurs, de la livraison des chevaux ou de la modernisation du site — est une pièce d’un puzzle plus vaste.
Le Champ de Mars est plus qu’un champ de courses : il est un symbole, un patrimoine vivant. Sa renaissance passe par une gouvernance renouvelée, des compétitions de qualité et un public reconquis. La saison 2025 n’est pas seulement attendue. Elle est espérée comme celle du redémarrage et de la réconciliation.