- Un audit inédit de la FCC sur le détournement de fonds publics
Le système de Reward Money, destiné à récompenser les policiers pour leur efficacité, est aujourd’hui au centre d’une affaire explosive. Plus de Rs 100 millions auraient été détournés via ce fonds, selon les premières investigations de la Financial Crimes Commission (FCC). Une liste confidentielle de bénéficiaires a été établie, et parmi les noms qui circulent : celui de Lilram Deal, Assistant Commissioner of Police (ACP).
Le patrimoine de Lilram Deal intrigue les enquêteurs. Il aurait, ces dernières années, accumulé plusieurs biens immobiliers, dont une villa cossue à Highlands, des terrains agricoles dans le Sud-Est, un SUV Toyota RAV4 flambant neuf, ainsi que des parts dans une société immobilière. La FCC cherche à déterminer si ces acquisitions ont été financées grâce à des fonds publics issus du Reward Money Scheme. Un audit croisé avec les données de la MRA, des banques et du Registrar of Companies est en cours.
La loi du silence : le “Secret Act”
Lilram Deal devait être entendu jeudi par les enquêteurs de la FCC à Vacoas. Mais la veille, il a été hospitalisé à Candos, affirmant ne pas se sentir bien. Le lendemain, il a été transféré à Vacoas, mais a de nouveau invoqué des problèmes de santé. Résultat : l’interrogatoire a été reporté, avec une nouvelle tentative prévue ce lundi si son état le permet.Ce faux bond a été perçu comme une manœuvre dilatoire par certains observateurs, alors que l’affaire prend de l’ampleur. Parallèlement, la magistrate Naazish Sauthkloo doit statuer ce mardi 1er juillet sur la demande de libération sous caution de Lilram Deal. Celui-ci a déjà comparu dans une autre affaire devant la Cour intermédiaire, où il est poursuivi sous la Prevention of Corruption Act (PoCA).
L’enquête se heurte aussi à un obstacle juridique : le Secret Act. Plusieurs policiers ou ex-bénéficiaires invoquent cette disposition pour refuser de divulguer des informations. Or, cette loi, censée protéger les opérations sensibles de sécurité, semble aujourd’hui utilisée pour bloquer la transparence. Selon des juristes, le Secret Act ne saurait protéger des actes de corruption ou d’enrichissement personnel. La FCC envisage de saisir la Cour suprême pour forcer certains témoins à collaborer.
Une affaire explosive… et politique ?
Lilram Deal n’est pas le seul visé. L’ancien commissaire de police Dip, qui aurait validé plusieurs tranches de Reward Money sous son mandat, pourrait être convoqué pour s’expliquer. Selon des sources proches de l’enquête, plusieurs hauts gradés de la police figurent également sur la liste confidentielle des bénéficiaires établie par la FCC. Leurs noms, pour l’instant tenus secrets, apparaissent dans les relevés de paiements jugés suspects. Ces officiers auraient perçu des sommes importantes sans justification claire, parfois même après leur départ à la retraite.
Des arrestations imminentes ne sont pas à écarter. Les enquêteurs, qui croisent les données bancaires, les transferts de biens et les signatures officielles, estiment que plusieurs bénéficiaires pourraient être inculpés dans les semaines à venir.
Un ancien haut gradé de la force policière, interrogé sous couvert d’anonymat, affirme que le système de Reward Money a toujours manqué de transparence :
« Il n’y a jamais eu de mécanisme public de contrôle. Les montants étaient distribués en toute opacité, souvent entre un cercle restreint. Tracer l’origine des fonds et les bénéficiaires est extrêmement difficile. »
Il ajoute que les demandes de vérification interne ont souvent été étouffées au sein même de la police, certains officiers redoutant des représailles. Cette culture du silence, renforcée par l’utilisation fréquente du Secret Act, complique davantage le travail de la FCC. Mais cette fois, avec l’implication de plusieurs institutions indépendantes, l’étau se resserre. Une chose est sûre : cette affaire pourrait bien déclencher une onde de choc sans précédent dans les rangs de la force policière