Je ne suis ni économiste, ni avocat, ni politicien. Je suis un simple citoyen, un homme de la rue, de ceux qui travaillent dur chaque jour pour gagner leur vie, payer leurs factures, élever leurs enfants et garder la tête hors de l’eau. Et pourtant, quand j’entends parler du scandale du Reward Money, de ces centaines de millions qui circulent entre des comptes personnels sans qu’aucune alerte ne soit déclenchée, je me sens trahi. Perdu. En colère.
Je ne comprends pas comment un système censé récompenser les bons citoyens pour avoir aidé la police peut se transformer en un mécanisme occulte de transferts bancaires douteux. Comment est-il possible que Rs 160 millions aient transité sur le compte personnel d’un haut gradé de la police, sans que personne – ni les banques, ni la Financial Intelligence Unit, ni la Financial Crimes Commission – ne s’en émeuve plus tôt ? Moi, quand je veux envoyer Rs 25 000 à un cousin à l’étranger, la banque me demande des preuves, des justificatifs, des explications. Mais là, des millions arrivent, sortent, voyagent en espèces… et rien.
Je ne comprends pas non plus comment on peut autoriser 214 retraits en espèces, dont Rs 14 millions en seulement 14 jours, sans que personne ne hausse le sourcil. Pire : le dernier retrait a eu lieu quatre jours avant les élections générales. Est-ce une coïncidence ? Ou est-ce là une manière de financer des opérations inavouables, avec de l’argent public déguisé en récompenses ?
Moi, homme de la rue, je vois bien ce que ce système est devenu. Il n’a rien d’un outil de justice. C’est un réseau, un circuit fermé, un club privilégié où l’on récompense non pas ceux qui servent l’intérêt public, mais ceux qui servent le pouvoir en place. Il faut oser dire les choses : le Reward Money est aujourd’hui perçu comme une prime pour services rendus… au parti, pas à la République.Je vis dans un pays où chaque centime que je touche est surveillé, où je dois déclarer mes revenus, expliquer mes achats, justifier mes dépenses. Et voilà qu’on découvre que certains peuvent manipuler des dizaines de millions de roupies sans rendre de comptes. Où est l’équité ? Où est la justice ? Où est la transparence que l’on exige de nous tous au nom de la lutte contre le blanchiment et la corruption ?
Ce système doit cesser. Il faut geler les comptes concernés, enquêter sur chaque sou transféré, et surtout, rendre des comptes au public. Car cet argent, ce n’est pas celui d’un parti, ni celui d’une institution, encore moins celui d’un individu : c’est notre argent. Celui des contribuables. Le vôtre, le mien.
Je ne réclame pas de vengeance, ni de règlements de comptes politiques. Je demande simplement que l’on respecte l’intelligence du peuple. Que l’on applique les mêmes règles à tous. Que l’on arrête de protéger les puissants pendant que les citoyens ordinaires doivent prouver leur honnêteté à chaque transaction.
Moi, homme de la rue, je veux croire qu’un autre avenir est possible. Un avenir où les institutions agissent avec rigueur, où la police sert le peuple, et non les intérêts partisans. Un avenir où la vérité ne se cache pas derrière des millions.