Alors que La Réunion affronte une virulente épidémie de chikungunya, le climat d’incertitude s’alourdit autour du vaccin Ixchiq. Développé par le laboratoire franco-autrichien Valneva, ce vaccin, pourtant autorisé en Europe et aux États-Unis, fait l’objet d’une vive controverse après deux décès suspects survenus après l’injection.
Le premier cas, un octogénaire atteint d’encéphalite, a été jugé « très vraisemblablement lié » au vaccin par les autorités sanitaires françaises. Le second, un homme de 77 ans souffrant de la maladie de Parkinson, est en cours d’analyse, la relation au vaccin étant pour l’instant qualifiée de « douteuse ».
Mercredi dernier, lors d’une séance au Sénat, la sénatrice réunionnaise Evelyne Corbière Naminzo a exprimé l’inquiétude croissante de la population : « Comment la dangerosité du vaccin n’a-t-elle pas été mieux évaluée ? » Une critique aussitôt rejetée par le ministre de la Santé Yannick Neuder : « Je ne peux vous laisser dire que nous utilisons le peuple de La Réunion comme cobaye. »
L’Agence européenne du médicament (EMA) a depuis décidé de contre-indiquer le vaccin pour les plus de 65 ans, le temps de procéder à une évaluation approfondie de sa balance bénéfice/risque. Cette restriction était déjà en place en France depuis fin avril, après plusieurs effets secondaires graves.
À ce jour, plus de 40 000 doses du vaccin Ixchiq ont été administrées dans le monde. Valneva maintient que son sérum présente un rapport bénéfice/risque favorable pour la majorité des personnes exposées, et s’engage à continuer la surveillance des effets indésirables.
Douze décès liés directement au chikungunya ont été recensés à La Réunion depuis le début de l’année. Si l’épidémie marque une légère baisse, la défiance autour du vaccin, elle, ne faiblit pas. Une équation complexe pour les autorités, qui doivent désormais regagner la confiance d’une population frappée sur deux fronts.