Aslam Hosenally, Lord-maire de Port-Louis :« La mairie ne doit plus être une forteresse »

ByRédaction

May 19, 2025

Élu lord-maire pour la seconde fois, Aslam Hosenally revient à la tête de la capitale avec un programme ambitieux et une détermination affirmée. Dans cet entretien exclusif, il dévoile les contours de son mandat : sécurité renforcée, infrastructures modernisées, relance culturelle et implication citoyenne. Port-
Louis, ville historique et moteur du pays, amorce une nouvelle étape de son développement. Le ton est posé, la méthode aussi : proximité, transparence et action.

Monsieur le Lord-maire, vous revoilà à la tête de Port-Louis, douze ans après un premier passage remarqué. Que représente ce retour pour vous ?
Aslam Hosenally : C’est plus qu’un retour, c’est un engagement renouvelé. Je ne suis pas là pour refaire le passé, mais pour écrire une nouvelle page. Ce mandat, je le vis comme une mission de foi… mais aussi de feu. Port-Louis a trop souffert d’un certain abandon. Aujourd’hui, les citadins attendent des actes, pas des slogans. C’est avec humilité, mais détermination, que je reprends les rênes. La confiance qu’on m’a accordée m’oblige à l’excellence.


Vous parlez d’une ville à bout de souffle. Quels constats avez-vous faits en reprenant les dossiers ?

Aslam Hosenally : Port-Louis est à la croisée des chemins. Une capitale qui a perdu son éclat, embouteillée, insalubre, insécurisée. Mais l’essentiel est là : son âme, ses habitants, sa richesse historique. Il ne manque qu’une impulsion claire, un cap. Et c’est ce que nous allons apporter.


Concrètement, quel est ce cap ?
Aslam Hosenally : Port-Louis doit devenir une ville du 21e siècle, sans renier ses racines. Moderne, inclusive, propre, sûre. Une ville à hauteur d’homme, où l’on puisse vivre, entreprendre, rêver. Mon ambition, c’est que chaque Port-Louisien retrouve fierté et sécurité. Cela passe par des actions immédiates, mais aussi par une vision à long terme.

« On va nettoyer la ville, mais aussi ses habitudes »

Les priorités immédiates ?

Aslam Hosenally : Propreté et sécurité. Ce sont les deux jambes sur lesquelles Port- Louis doit se relever. Trop de dépôts sauvages, trop d’errance. Nous allons renforcer la collecte, responsabiliser les commerçants, les habitants, et relancer la brigade municipale. En parallèle, des caméras de surveillance viendront épauler la police municipale. Nous devons agir vite, mais durablement.

Et la participation citoyenne ?
Aslam Hosenally : Indispensable. Je veux casser les murs entre l’administration et les administrés. Il faut écouter, co-construire. C’est pourquoi je relancerai les comités de quartier, mettrai en place des bilans de mi-mandat publics, et ouvrirai des canaux de dialogue directs. La démocratie locale, ce n’est pas un luxe, c’est une exigence.


« La jeunesse ne doit plus fuir sa ville, mais y croire »


Quelle place pour les jeunes dans cette renaissance ?
Aslam Hosenally : Centrale. Ils sont souvent les grands absents des politiques publiques. Pourtant, ils ont des idées, de l’énergie. Nous allons rénover les infrastructures sportives, créer des centres de loisirs et de formation, encourager les forums de discussion, les projets communautaires. Il faut leur donner les moyens de s’exprimer… et de rester.

Vous avez évoqué un “Night Market”. Pourquoi ce choix ?
Aslam Hosenally : Parce qu’une capitale ne peut pas s’éteindre à 18 heures. Nous voulons que Port-Louis vive aussi la nuit — que le commerce tourne, que la culture s’exprime, que les familles sortent. Ce marché nocturne au cœur de la ville sera un signal fort : oui, la capitale est vivante, accueillante et festive.


« Le Champ de Mars et le marché central sont des joyaux abîmés »


Que ferez-vous pour ces lieux emblématiques ?
Aslam Hosenally : Le Champ de Mars doit redevenir un espace de vie, pas juste un champ de courses. Nous y organiserons des événements culturels, communautaires, sportifs. Le marché central, lui, sera modernisé sans perdre son authenticité. Il doit redevenir une vitrine de Port-Louis, un lieu sûr, propre et
dynamique.

Vous défendez l’introduction du kreol à la mairie. Pourquoi ?

Aslam Hosenally : Parce que c’est la langue du peuple. L’utiliser, c’est rapprocher l’administration des gens, leur permettre de mieux comprendre, de mieux participer. C’est un acte de respect et de cohérence. Le kreol n’est pas un folklore : c’est une langue de gouvernance.


« Port-Louis n’est pas un sous-traitant de l’État central »


Les collectivités locales sont souvent dépendantes du pouvoir central. Que réclamez-vous ?
Aslam Hosenally : Plus de moyens, plus de marge de manœuvre. Une mairie ne peut se contenter d’attendre des directives. Il nous faut une autonomie de gestion, de financement, d’action. Le programme gouvernemental le prévoit, nous serons là pour exiger sa mise en œuvre. L’avenir des villes passe par une décentralisation réelle, pas théorique.


Un dernier mot aux habitants de Port-Louis ?
Aslam Hosenally : J’ai besoin de vous. La ville a besoin de tous ses enfants. Je tends la main à chacun : commerçants, jeunes, retraités, artistes, employés, sans distinction de parti ou d’origine. C’est ensemble qu’on rebâtira notre capitale. Mon mandat sera celui de l’écoute, de la vérité et de l’action. Port-Louis mérite mieux —et ensemble, nous irons chercher ce mieux.