ÉDITO | Comment ne pas avoir l’amertume quand le peuple souffre ?

ByRédaction

June 18, 2025

Parlons vrai.

Pendant que des familles luttent pour remplir leur caddie, pendant que des jeunes diplômés errent sans emploi stable, pendant que des malades attendent des mois pour une opération, certains engrangent des millions, tranquillement, sur le dos de l’État. Et donc, sur le dos du peuple.

Mardi à l’Assemblée nationale, c’est un pan entier du système de connivence qui a été révélé. Le Premier ministre, Dr Navin Ramgoolam, an mis des chiffres sur une réalité que beaucoup pressentaient : près de Rs 2 milliards attribuées à une seule entreprise, N.G & Co. Ltd, sur neuf ans. Une entreprise dirigée par les très bien introduits Nundun Gopee et Vinash Gopee.

Ce n’est pas un montage financier compliqué. C’est un système simple, huilé, cynique.

Des baux commerciaux juteux, des financements publics en cascade, des marchés obtenus sans trop de bruit, et une marge de Rs 34 millions réalisée comme simple intermédiaire sur un projet NHDC, pendant que des familles attendent un logement décent.

Qu’on ne s’y trompe pas.

Il ne s’agit pas ici de s’attaquer à une entreprise en particulier, ni même à des personnes. Il s’agit d’un mode de fonctionnement, d’une manière de détourner l’appareil d’État pour favoriser les proches, au détriment de l’intérêt général.

Pendant ce temps, les PME crèvent.

Les agriculteurs se battent contre les éléments sans assistance.

Les contribuables paient, paient, et paient encore.

Et l’amertume grandit.

Comment ne pas l’avoir, cette amertume, quand la souffrance est collective mais les profits sont si concentrés ? Comment garder foi en la République quand la transparence semble optionnelle, et la justice, à deux vitesses ?

Le Premier ministre a eu raison de porter cela en lumière. Mais désormais, le pays attend plus que des mots : il attend des actes. Des audits. Des enquêtes. Des restitutions, s’il le faut.

Car si l’État n’agit pas, le cynisme gagnera. Et avec lui, l’idée qu’à Maurice, ceux qui ont les bons contacts n’ont pas besoin d’avoir la compétence — seulement le carnet d’adresses.

Or, la République ne peut se construire sur les passe-droits.

Elle se construit sur l’exemplarité.

Et aujourd’hui, il est temps de balayer devant toutes les portes. Même les plus dorées.