Le souffle du Saint-Esprit traverse les églises de l’île. Ce dimanche, les chrétiens de Maurice célèbrent la Pentecôte, l’une des fêtes les plus importantes du calendrier liturgique. Cinquante jours après Pâques, cette solennité marque la naissance de l’Église et le début d’une mission universelle.
Des cloches sonnent dans les villages, des chants s’élèvent des chapelles des hautes Plaines-Wilhems jusqu’aux paroisses côtières. Ce dimanche, l’île Maurice célèbre la descente de l’Esprit Saint sur les apôtres, un événement fondateur raconté dans les Actes des Apôtres. Réunis à Jérusalem, apeurés et encore bouleversés par la crucifixion de Jésus, les disciples sont soudainement saisis d’un souffle divin : des langues de feu se posent sur leurs têtes, et ils se mettent à parler des langues inconnues. La peur laisse place au courage. L’Église est née.
Une fête, un feu, une foi
À Maurice, la Pentecôte est marquée par des célébrations vibrantes dans toutes les paroisses catholiques. Messes solennelles, veillées de prière, retraites spirituelles et confirmations rythment cette journée symbolique. Pour beaucoup, c’est un moment de renouveau personnel. « La Pentecôte, c’est un rappel que l’Esprit nous est donné à tous. Pas seulement aux prêtres, mais aux mères de famille, aux jeunes, aux travailleurs, aux oubliés. Il nous donne force, discernement et espérance », confie le Prêtre Gérard, du nord de l’île
Les célébrants portent des étoffes rouges – couleur du feu et du martyre – tandis que les fidèles viennent nombreux invoquer les dons de l’Esprit : sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte de Dieu. Ces grâces, que l’Église appelle charismes, sont destinées à faire grandir le bien commun, non à nourrir l’orgueil de l’individu.
Une île plurielle, un esprit universel
Dans un pays multiculturel comme Maurice, la Pentecôte trouve une résonance particulière. Au-delà de l’histoire chrétienne, elle évoque la capacité des peuples à se comprendre au-delà des langues et des différences. « Ce miracle de la communication universelle, où chacun entend dans sa propre langue, c’est aussi une métaphore puissante pour notre vivre-ensemble mauricien », souligne une théologienne laïque.
Dans certaines communautés protestantes, la fête de Pentecôte prend un ton plus festif, avec des chants gospel, des danses et des partages fraternels. Chez les évangéliques, elle est parfois associée au baptême de feu, une immersion dans l’Esprit qui transforme et purifie.
Le souffle dans le chaos
Dans un monde secoué par les conflits, les catastrophes, les injustices sociales, la Pentecôte rappelle que l’Esprit souffle aussi sur les ruines. Il ne gomme pas les blessures, mais il console. Il ne nie pas les luttes, mais il donne la force de les traverser.
À Maurice, où les défis économiques, environnementaux et sociaux s’accumulent, la fête de la Pentecôte peut aussi être un appel à l’unité et à l’audace. « L’Esprit ne descend pas pour que nous restions enfermés, mais pour que nous sortions, que nous prenions soin les uns des autres, que nous devenions sel de la terre et lumière du monde », a déclaré récemment le pasteur David dans une message adressé aux fidèles de l’Ecclesia Christian Community
La Pentecôte, et après ?
Trop souvent, les fêtes religieuses passent comme des rituels figés dans le calendrier. Mais la Pentecôte est un commencement, pas une fin. Elle appelle à une foi vivante, ancrée dans le réel. C’est une invitation à marcher avec courage, à parler avec vérité, à agir avec amour.
En ce dimanche, que l’Esprit qui a embrasé les apôtres embrase aussi les cœurs mauriciens. Qu’il traverse nos familles, nos institutions, nos communautés blessées. Et qu’il souffle, à nouveau, ce feu de justice, de paix et de fraternité dont notre île a tant besoin.