Alors que l’heure semble au dialogue et à l’ajustement raisonné, Dave Kissoondoyal, figure médiatique à la tête du collectif STOP – San Tous Ou Pensions, persiste dans une stratégie d’affrontement frontal avec l’État mauricien. Et ce, malgré les mesures transitoires déjà annoncées par le gouvernement pour adoucir la réforme de la pension universelle. En saisissant l’ONU, l’OIT ou encore le PNUD, Kissoondoyal a choisi de faire du dossier mauricien une affaire internationale. Une démarche qui interroge autant qu’elle divise.
Une croisade qui interroge
Lundi 28 juillet, dans un nouveau communiqué, le fondateur de STOP a annoncé avoir officiellement saisi plusieurs institutions internationales pour contester la réforme de la Basic Retirement Pension (BRP), qui prévoit un relèvement progressif de l’âge de départ à la retraite de 60 à 65 ans. Cette campagne menée tambour battant, sur fond de grève de la faim et de conférences de presse à répétition, donne l’image d’un militant arc-bouté sur une cause, refusant tout compromis, et sourd aux évolutions du contexte.
Mais ce jusqu’au-boutisme commence à susciter une certaine lassitude dans l’opinion publique. Car entre la posture revendiquée de défenseur des aînés et les moyens employés, le fossé se creuse. Le recours à des instances internationales pour “dénoncer” son propre pays est vu par nombre de Mauriciens comme une instrumentalisation politique plus qu’un plaidoyer sincère.
Des réformes rendues inévitables
Il convient de rappeler que la réforme de la BRP ne tombe pas du ciel. Elle répond à un impératif démographique et budgétaire. Maurice vieillit à un rythme accéléré. La population active diminue, tandis que le nombre de bénéficiaires de la pension augmente de façon exponentielle. En l’état, le système de pension, fondé sur un principe universel, devient un gouffre financier. D’où la nécessité de repousser progressivement l’âge d’éligibilité à 65 ans – une norme déjà en vigueur dans de nombreux pays comparables.
Le Budget 2025-2026 a d’ailleurs introduit des mesures d’accompagnement : maintien temporaire de la pension à 60 ans pour les plus vulnérables, exemptions ciblées, et dispositifs transitoires sur cinq ans. Cette approche vise à concilier justice sociale et responsabilité budgétaire. Rien qui ne justifie une levée de boucliers à l’international.