Parler de “chasse aux sorcières” pour qualifier l’arrestation de Renganaden Padayachy est, au mieux, une posture politicienne. Au pire, une insulte à l’intelligence des Mauriciens. Ce jeudi, Joe Lesjongard, leader de l’opposition et président du MSM, s’est insurgé avec véhémence contre l’arrestation de l’ancien ministre des Finances. Il a dénoncé un prétendu acharnement politique et apporté un soutien sans réserve à son « camarade ». Mais il oublie — volontairement — de dire d’où viennent les accusations.
Ce ne sont ni des adversaires politiques, ni des journalistes engagés qui ont mis en cause Renganaden Padayachy. Ce sont des hommes que le MSM lui-même a nommés à des postes stratégiques : Harvesh Seegoolam, ex-gouverneur de la Banque de Maurice, et Premchand Bissessur, ancien cadre de la Mauritius Investment Corporation (MIC). Ce sont eux qui, dans le cadre d’une enquête officielle, ont affirmé que l’ancien ministre aurait exercé des pressions pour que Rs 45 millions soient débloquées au profit d’une entité controversée.
Dès lors, comment expliquer cette indignation théâtrale du MSM ? Pourquoi crier au complot quand les révélations viennent de l’intérieur même du système, de ceux qui furent autrefois au cœur de leur dispositif économique et financier ? La vérité, c’est que le MSM semble moins préoccupé par la justice que par le contrôle de la narration. Tout ce qui échappe à leur version devient suspect, politique, ou encore manipulé.
Joe Lesjongard tente de détourner l’attention en évoquant les promesses non tenues du gouvernement actuel — ce qui, soit dit en passant, est en partie hérité de la gestion précédente, à laquelle Padayachy a largement contribué. Parler du prix de l’essence ou du pouvoir d’achat, quand il s’agit ici d’une affaire de potentielle fraude impliquant de l’argent public, relève d’un écran de fumée grossier.
L’indignation est légitime lorsqu’elle est cohérente. Mais dans ce cas précis, le MSM semble surtout furieux que ses propres fondations commencent à se fissurer. Ce n’est pas un complot, c’est un retour de boomerang.