Il y a des images qui marquent, non par leur force, mais par ce qu’elles révèlent de la faiblesse d’une société. La photo d’une femme très connue, enchaînée sur une chaise roulante à l’hôpital, diffusée sur les réseaux sociaux, en est une. Elle aurait été arrêtée pour ne pas s’être présentée en cour vendredi, malgré un mandat d’arrêt émis à son encontre. Mais fallait-il vraiment l’attacher de cette manière, comme si elle s’apprêtait à fuir un pénitencier vénézuélien ?

Non seulement cette scène choque, mais elle soulève une question fondamentale : comment avons-nous pu glisser vers un tel degré d’inhumanité, où l’humiliation publique devient un divertissement ?

Cette femme, célèbre sur TikTok, ne mérite peut-être pas l’admiration de tous, mais elle ne mérite certainement pas le mépris. Et encore moins l’humiliation. Quelles que soient les accusations portées contre elle, elle demeure une citoyenne, dotée de droits, et présumée innocente tant qu’un tribunal ne l’a pas condamnée. La voir ainsi exposée, vulnérable, livrée en pâture à l’opinion publique, constitue une violence morale bien plus perverse que ce que l’on prétend dénoncer.

Il ne s’agit pas ici de défendre une influenceuse, mais de défendre une idée : celle de justice. De rappeler que la dignité humaine n’est pas une option. Elle ne se négocie pas. Elle ne se suspend pas. Elle ne s’enchaîne pas, même face à un écart ou à une faute.

La personne qui a pris cette photo et l’a diffusée n’a pas servi la vérité. Elle a trahi l’éthique. Car se moquer, humilier, rabaisser, ce n’est ni informer, ni alerter. C’est condamner sans procès.

Nous vivons dans une République, pas dans un cirque. Et la justice, aussi imparfaite soit-elle, ne doit jamais céder sa place au tribunal sauvage et sans règles des réseaux sociaux.

Respecter une personne, même lorsqu’elle chute, c’est respecter l’idée que demain, ce pourrait être nous qui aurons besoin d’un peu d’humanité.

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