« Il y a un projet de loi en préparation pour mieux protéger les femmes victimes de violences domestiques »
La plus jeune junior minister du gouvernement Ramgoolam affiche une détermination calme, mais ferme. À l’heure où le pays se prépare pour les élections municipales du 4 mai, Anishta Babooram, Junior Minister à l’Égalité des genres, trace son propre sillon. Engagement de terrain, volonté politique et franc-parler, elle lève le voile sur les dysfonctionnements du passé et les ambitions d’un ministère trop longtemps relégué.
Journal du Dimanche : Madame la Ministre, quel sentiment vous anime aujourd’hui en tant que jeune femme au Parlement ?
Anishta Babooram : Je ressens une immense responsabilité. Les attentes sont grandes, et la pression, constante. Mais je garde le cap, avec le sens du devoir chevillé au corps. Mon objectif : être présente sur le terrain, à l’écoute, surtout dans ma circonscription. Car les familles souffrent, et notre rôle est de répondre.
Quels défis avez-vous rencontrés dans un gouvernement encore majoritairement masculin ?
Je ne parlerais pas de défis liés au genre. Peut-être une sous-représentation numérique, oui. Mais en termes d’expression et de légitimité, nous avons pleinement notre place.

Êtes-vous écoutée au sein de votre ministère ?
Je suis Junior Minister, donc je travaille dans le cadre des responsabilités qui me sont déléguées. Mais je vais souvent au-delà. Je suis sollicitée chaque jour : violences domestiques, maltraitance infantile, cas complexes. Je m’efforce d’agir, même si je ne suis pas dans le processus décisionnel. Ce n’est pas une excuse pour rester silencieuse.
Pourquoi, selon vous, les mécanismes actuels échouent à enrayer les violences domestiques et les abus ?
Le vrai problème est culturel. Tant que nous vivrons dans une société patriarcale, tant que la femme incarnera uniquement la dignité familiale, nous continuerons à subir préjugés et silences. Il faut une révolution mentale. Et économique aussi : une femme autonome financièrement est une femme libre.
« L’Ombudsperson doit pouvoir contraindre les institutions à réagir »
Une nouvelle loi est-elle en gestation ?
Oui. Un projet de loi est en cours d’élaboration pour mieux protéger les victimes de violences domestiques. Mais au-delà de la loi, il faut une approche globale, systémique.
Que répondez-vous à ceux qui comparent les foyers d’accueil à des lieux d’enfermement ?
C’est une fausse perception. Un foyer d’accueil, c’est un refuge. Un endroit où l’enfant est protégé, entouré, aimé. Le but, c’est l’avenir de l’enfant, pas l’enfermement.
Faut-il revoir le fonctionnement de la CDU ?
Absolument. La Child Development Unit manque de moyens et ses paramètres d’intervention sont trop rigides. Une refonte du système est nécessaire. J’ai déjà fait remonter mes inquiétudes à ma ministre de tutelle.
L’Ombudsperson for Children a-t-elle les moyens d’agir ?
Elle mène des enquêtes, fait des rapports, propose des médiations. Mais elle ne peut pas tout faire. Oui, je suis pour un renforcement de ses pouvoirs. Elle connaît les dossiers, elle doit pouvoir agir vite. Il est temps de cesser les jeux d’institutions désengagées.
« Le MSM a pris en otage l’avenir de nos jeunes »
Le départ du MSM de la scène politique est-il une leçon ?
C’est une sanction historique. Ce parti a pillé le pays. Chaque enfant naît avec une dette colossale sur les épaules. Le peuple a tranché. Servir le peuple, ce n’est pas se servir.
Vous sentez-vous libre aujourd’hui ?
Oui, totalement. Au Parlement, dans les médias, dans les réunions, je m’exprime. Contrairement au passé, les questions trouvent réponse. Nous avons enfin une vraie démocratie.
Quel message pour les jeunes femmes qui veulent entrer en politique ?
Qu’elles n’aient pas peur. Nous créerons plus de plateformes d’engagement. Et je salue la décision du Premier ministre et du DPM de mettre en place un « Constitutional Review Committee » pour favoriser une meilleure représentation des femmes au Parlement.
Un mot sur les municipales de ce dimanche ?
Le MSM a fui l’arène, incapable d’assumer ses actes. Il a tué la démocratie locale. Aujourd’hui, je demande aux citadins de nous faire confiance. Le peuple nous a donné 60-0. Qu’il nous accorde 120-0 pour que le changement soit complet.