Procès Dewdanee : la Cour tranche en faveur du témoin et de ses souvenirs

ByRédaction

May 16, 2025
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Un témoin peut-il se rafraîchir la mémoire à partir d’une déclaration ancienne ? Oui, tranche la justice mauricienne. Dans une décision rendue le 6 mai 2025, la Cour intermédiaire, siégeant dans sa division des crimes financiers, a validé l’utilisation d’un témoignage ancien pour aider un témoin à se souvenir lors d’un procès pour corruption.

L’affaire oppose la Independent Commission Against Corruption (ICAC) à Geanchand Dewdanee, accusé d’un acte de corruption remontant à 2011. Il plaide non coupable. Le procès, qui a déjà dû redémarrer à trois reprises devant différents magistrats, connaît ainsi un nouveau rebondissement.

La mémoire contre l’oubli

Lors de l’audience, un témoin clé du ministère public a déclaré ne plus se souvenir du numéro de série d’un billet de banque impliqué dans l’affaire. Un détail crucial. Pour combler cette faille mémorielle, la poursuite a demandé à rafraîchir la mémoire du témoin à l’aide d’une déclaration qu’il avait faite à la police… le jour même des faits.

La défense a immédiatement objecté, arguant que :

  • le témoignage principal à l’ICAC avait été enregistré un an après les faits (donc non contemporain),
  • et que la déclaration à la police n’avait jamais été communiquée à l’accusé au cours de l’enquête.

Le droit de se souvenir

Mais la Cour, après avoir entendu les arguments des deux camps, a tranché en faveur du parquet. Selon elle, des principes juridiques reconnus permettent à un témoin de consulter des documents antérieurs — à condition qu’ils datent d’une époque proche des événements.

En clair : tant que les documents de référence sont fiables et permettent une remémoration fidèle des faits, leur usage est légal pour rafraîchir une mémoire défaillante. Le tribunal a donc autorisé le témoin à relire sa propre déclaration policière de 2011.

Un précédent rassurant

Cette décision établit un précédent important pour les affaires de corruption et de criminalité économique à Maurice. Elle rassure les autorités sur un point fondamental : malgré les délais parfois exceptionnels entre les faits et le procès, les témoins ne seront pas livrés à eux-mêmes ou à l’épreuve injuste d’un « test mémoire ». Le système judiciaire leur offrira un appui — leurs propres mots, consignés au bon moment.

Dans les méandres d’une justice lente, cette affaire rappelle qu’un souvenir bien consigné vaut parfois plus qu’un témoignage improvisé.

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