La publication du rapport de la Cour d’investigation sur le naufrage du MV Wakashio, daté du 15 septembre 2022, marque un tournant dans la gestion des catastrophes maritimes à Maurice. Pour Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur en environnement, ce document révèle enfin la chaîne de défaillances humaines, techniques et institutionnelles qui ont conduit à l’échouage du navire au large de Pointe-d’Esny, le 25 juillet 2020.
« Ce rapport était attendu depuis longtemps. Il permet de situer les responsabilités, d’évaluer l’ampleur des dégâts environnementaux et surtout, de tirer les leçons nécessaires », souligne l’expert. Il salue la décision du gouvernement d’avoir rendu public ce rapport, y voyant un signe de transparence et de bonne gouvernance, mais il insiste : « La publication ne suffit pas, il faut maintenant agir. »
Selon lui, l’océan Indien est devenu une véritable autoroute maritime. « La question n’est plus de savoir si un nouvel accident se produira, mais quand. Notre préparation reste insuffisante », avertit-il. D’où son appel à renforcer la surveillance en mer, la gestion des incidents et les plans d’intervention post-catastrophe.
Vassen Kauppaymuthoo estime que le National Oil Spill Contingency Plan (NOSCP) doit être révisé et appliqué avec rigueur. « Ce plan doit intégrer les recommandations du rapport Wakashio. Il faut améliorer la coordination entre les autorités, disposer de moyens d’intervention modernes et tester le dispositif sur le terrain », plaide-t-il.
L’ingénieur recommande aussi la création d’une salvage team permanente, la disponibilité de remorqueurs 24h/24, ainsi que la ratification de conventions internationales sur la sécurité maritime et la protection des océans.
Côté responsabilité, il appelle à établir les fautes à tous les niveaux — techniques, administratifs et financiers — et à accorder des compensations équitables aux habitants du sud-est, toujours affectés par les conséquences du naufrage.
Pour Bruneau Laurette, activiste à l’origine des mobilisations citoyennes en 2020, le rapport vient confirmer les failles qu’il dénonçait dès le départ : mauvaise gestion, absence de coordination et lenteur de réaction.
Cinq ans après le drame, les deux hommes s’accordent : ce rapport ne doit pas être oublié. Il doit devenir une feuille de route nationale pour protéger nos lagons et éviter que l’histoire du Wakashio ne se répète.

