- La Mauricienne qui transforme chaque douleur en victoire
Deux fois championne du monde et détentrice de cinq médailles planétaires, Noemi Alphonse n’est plus seulement une athlète : elle est un symbole. À New Delhi, lors des derniers Championnats du monde, la reine du para-athlétisme mauricien a une nouvelle fois illuminé la piste en remportant l’or sur le 100 m T54. Mais derrière les podiums, c’est une histoire de courage, de foi et d’amour que cette jeune femme écrit depuis toujours.
Une enfance forgée dans la différence
Née à Sainte-Croix, Noemi arrive au monde avec une malformation au pied. Ses parents, Nathalie et Jean-Alain, se souviennent de ce choc, vite transformé en promesse : faire d’elle une enfant comme les autres.
À neuf mois, après une opération délicate, une prothèse artisanale en bois et en mousse lui permet de faire ses premiers pas. Ce petit pied miniature, qu’elle garde précieusement, symbolise la force de celle qui ne reculera jamais.
À l’école, les moqueries blessent parfois. Mais dans sa famille, on lui enseigne la fierté et la dignité. « Mes parents m’ont appris à me défendre, à ne jamais me sentir inférieure », confie-t-elle aujourd’hui avec sérénité.
Le sport, révélateur de destin
C’est presque par hasard que Noemi découvre le sport. Pour vaincre sa timidité, elle essaie le judo, avant de se tourner vers le para-athlétisme sous les conseils de son mentor, Jean-Marie Bhugeerathee. Les entraînements deviennent une discipline de vie : deux séances par jour, qu’il pleuve ou qu’il vente.
Sa progression est fulgurante. Son énergie, sa joie et sa détermination impressionnent le circuit mondial. Derrière les médailles, il y a aussi les sacrifices invisibles : la douleur, les longues heures de préparation et les fauteuils de compétition coûtant plusieurs millions de roupies.
« Chaque coup de main sur les roues est une victoire sur mes limites », dit-elle avec le sourire.
Une championne habitée par la foi et l’humilité
Le 2 octobre 2025 à New Delhi, elle conserve son titre mondial sur le 100 m T54, dans une finale marquée par la pluie et la tension. « C’est un moment très fort pour moi. Revenir chercher ce titre, après tout ce que j’ai traversé, c’est une délivrance », confie-t-elle, encore émue.
Elle partage sa victoire avec son entraîneur, son préparateur mental Sébastien Mse, et ses parents, toujours présents. Elle rend aussi hommage à Anaïs Angéline, sa compatriote et amie, vice-championne du monde :
« Nous avons galéré, pleuré, douté, mais cette fois, personne ne pourra dire le contraire. Je suis tellement fière d’elle. »
Une source d’inspiration universelle
Au-delà des médailles, Noemi Alphonse inspire par sa lumière intérieure. Elle parle aux jeunes, aux femmes, aux personnes en situation de handicap, et à tous ceux qui se battent contre l’invisible.
« N’abandonnez jamais. Une défaite ne détermine pas l’avenir. Elle nous rend plus forts. » Championne sur la piste, héroïne dans la vie, Noemi incarne l’âme d’un pays qui croit encore en la beauté de l’effort.
Aujourd’hui, son nom résonne dans les stades du monde entier. Mais c’est dans le cœur des Mauriciens qu’elle a couru la plus belle de ses victoires.

